Communiqué de presse
«Pour une guérilla multiculturelle, les nouvelles technologies constituent une plateforme alternative, une zone autonome. En utilisant les nouveaux médias dans le domaine de l'art, en travaillant sur la topographie culturelle, je traite le corps de l'artiste vieillissant dans une société en dégénérescence. Le corps de l'artiste est un vecteur de thèmes sociaux: numérisation, formes virtuelles, mots, hypertexte, interaction... Je suis une femme chamane sur le fil du rasoir. La surface sur laquelle j'écris mon message est ma propre peau. Comme un serpent, je laisse des traces de ma peau sur les chemins que je traverse». 
 

Nil Yalter, entretien avec Rosemarie Martha Huhn, Contemporary Artists, 5ème édition, décembre 2001, St. James Press, numéro 2, pp. 1857-1860. 

 
THE PILL® est fière de présenter l'exposition personnelle de Nil Yalter, Skin Story, du 29 mars au 31 mai 2025, dans son nouvel espace parisien, 4, place de Valois. Récompensée par le Lion d'or pour l'ensemble de sa carrière lors de la 60e Biennale de Venise en 2024, Nil Yalter a consacré plus de quatre décennies à une pratique artistique à la croisée de questions sur les migrations, le genre et le droit du travail.
 
Tirant son titre de l'œuvre numérique interactive éponyme, « Skin Story » (2002), cette exposition sous le commissariat d'Eda Berkmen rassemble une sélection d'œuvres de Yalter réalisées entre 1974 et 2008, dont certaines n'ont pas été exposées depuis leur production. Témoignant de l'engagement profond de Nil Yalter dans la politique du corps depuis plusieurs décennies, les œuvres exposées situent le corps à la fois comme un domaine d'exploration personnelle et artistique et comme un champ de bataille idéologique. « Skin Story » appartient à une série d'œuvres numériques interactives créées au début du siècle. L'exposition actuelle de cette œuvre consacrée au processus de vieillissement du corps humain soulève également la question de l'obsolescence technologique, à travers les problèmes de conservation et de conversion des œuvres des nouveaux médias dans notre environnement technologique en constante évolution. « Menopause », une série de dessins sur papier datant de 1986, et exposée pour la première fois, dévoile la plus universelle des transformations du corps féminin, qui est pourtant socialement et médicalement la plus marginalisée aussi. Ces deux œuvres sont emblématiques de la contemplation par l'artiste de son propre corps en tant que matériau en perpétuelle évolution, un vaisseau de création, de perception, de représentation, de transformation et de dissolution. 
 
Figure de proue de l'avant-garde féministe, Yalter synthétise un large éventail d'influences littéraires et utilise des stratégies audacieuses et novatrices pour remettre en question les préconceptions culturelles établies. Elle ébranle les limites morales et esthétiques imposées par les structures de pouvoir patriarcales telles que la politique, la religion ou l'histoire de l'art occidental traditionnel. Faisant appel à des figures en apparence disparates de l'histoire culturelle, telles que le Marquis de Sade, Lord Byron et Kazimir Malevich, les œuvres de Yalter se réapproprient le désir et le radicalisme comme outils de résistance, de transgression et de contestation de l'autorité.
 
Ayant expérimenté avec la vidéo au début des années 1970 et la programmation informatique dès la fin des années 1980 dans le cadre de sa pratique artistique, Yalter est une figure pionnière de l'utilisation des nouvelles technologies dans les arts visuels. L'exposition présente, entre autres, son œuvre vidéo phare “La Femme sans tête ou la danse du ventre” (1974) et sa première intégration du codage numérique et de la peinture dans la vidéo, “Hommage à Marquis de Sade” (1989), créée pour le festival du Havre à l'occasion du 200e anniversaire de la Révolution française. Soulignant le multiculturalisme et l'intertextualité inhérents aux œuvres de Yalter, l'exposition donne l'occasion d'observer les différentes manières dont l'artiste fusionne et traverse des médiums distincts, ainsi que des plans temporels et spatiaux disparates. La figure chamanique, qui incarne le pouvoir de la métamorphose, résonne tout au long de l'exposition, canalisant la nature, la mythologie et la sagesse ancestrale. 
 
Française d’origine turque, née en 1938, Nil Yalter a passé la majeure partie de sa vie
entre la Turquie et Paris. Artiste féministe pionnière, en 2024 elle a reçu le Lion d’or du Lifetime Achivement Award à la 60e Biennale de Venise pour l’ensemble de son œuvre. Le travail de Nil Yalter a fait l’objet de nombreuses expositions monographiques dans des institutions telle que Museum Ludwig, Cologne (2019), au MAC/VAL, Vitry-sur-Seine (2019), au WIELS, Bruxelles (2017), au FRAC Lorraine, Metz (2016), à Arter - Space for Art, Istanbul (2016), au Musée d’Art Moderne et Contemporain de Nice (1996), au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris (1973 et 1983). Nil Yalter a participé à de nombreuses expositions récentes : “Foreigners Everywhere”, 60th Biennale de Venise (2024) ; “Signals: How Video Transformed the World”, MoMA, New York (2023); “Floating Islands”, Istanbul Modern (2023) ; “Arts de L’Islam”, Musée du Louvre (2021) ; “Feminist Avantgarde Of The 1970s from the SAMMLUNG VERBUND Collection”, Museum Moderner Kunst Stiftung Ludwig, Vienne (2017) ; Temporary Dwellings, Tate Modern, Londres (2016) ; elles@centrepompidou, Centre Pompidou, Paris - Centro Cultural Banco de Brazil, Rio de Janeiro - Seattle Art Museum (2013-2014) ; The Desire for Freedom, Deutsches Historisches Museum, Berlin - Palazzo Reale, Milan (2013); “Wack ! Art and the Feminist Revolution” au Museum of Contemporary Art de Los Angeles et au MoMA PS1 de New York (2007-2008). Ses œuvres figurent dans de nombreuses collections publiques : Vehbi Koç Foundation - Arter Istanbul, Museum of Modern Art New York, Tate Modern, Londres, Centre Georges Pompidou, Paris, Museo Reina Sofia, Madrid, Istanbul Modern, Istanbul, Museum Ludwig, Cologne. 
 

 

 

Eda Berkmen est une commissaire d'exposition basée à Istanbul ayant une expérience étendue dans les institutions d'art contemporain, les collections privées et les galeries. Elle a étudié l'histoire de l'art à l'université de Yale et est titulaire d'un master en études culturelles de Central Saint Martins. De 2017 à 2023, elle a été membre de l'équipe curatoriale d'Arter, où elle a contribué au programme de l'institution. Ses derniers projets curatoriaux incluent l'exposition collective Rounded by Sleep (2022), Eva Kotatkova : I Sometimes Imagine I Am a Fish with Legs (2023), Cengiz Çekil : I Am Still Alive (2023), et Yasemin Özcan : Wet Floor (2024). Plus récemment, elle a conceptualisé et produit le livre Nil Yalter, Exile is a Hard Job : Walls et continue à développer des projets de collaboration avec des institutions à travers la Turquie et la Méditerranée.
 
Son approche curatoriale associe la recherche documentaire à la pratique artistique contemporaine, en favorisant les collaborations institutionnelles et les cadres inclusifs qui favorisent l'accessibilité, le partage des connaissances et l'engagement interdisciplinaire. Mettant l'accent sur l'expérience sensorielle et les savoirs incarnés, Berkmen travaille en étroite collaboration avec les artistes et les archives afin de cultiver des dialogues intimes qui évoluent au fil du temps. Attirant l'attention sur les résonances historiques, elle met l'accent sur les récits sous-représentés et dialogue avec l'esprit radical des années 1970 - une époque qui incarne l'attention, la résistance et les liens subtils qui nous unissent les uns aux autres et à la terre.
 
Vues de l'exposition
Œuvres