GERNOT WIELAND

L’œuvre de Gernot Wieland, qu’elle se manifeste sous la forme de films, de dessins, de photographies, d’installations ou de conférences-performances, abordent un certain nombre de questions universelles – langage, éducation, altérité, domination, contrôle, contextes sociaux, politique et psychiques – en mêlant la psychanalyse aux souvenirs d’enfance de l’artiste dans des récits racontés à la première personne. Gernot Wieland a élaboré les fondations d’un univers unique et profondément émouvant, traversé par les réminiscences de souvenirs dont on ne parvient à savoir s’ils sont les récits réels ou inventés par un narrateur parlant à la première personne, sans que jamais ne soit établie avec certitude qu’il puisse s’agir de l’artiste lui-même ou d’un alter ego fictif. La trame de son monde est tissée d’une poésie proférée par la voix lancinante d’un personnage kafkaïen déployant sous nos yeux des histoires d’enfance et des narrations absurdes à l’aide de personnages de pâte à modeler, de décors coloriés aux crayons de couleur, de diagrammes extravagants, d’esquisses faussement naïves et de passages filmés en Super-huit. La douceur et la componction se mêlent et laissent affleurer çà et là les scories affligées d’une inhumanité rampante, suintant des machines oppressives institutionnelles, des carcans éducatifs déviants, dépliant précautionneusement les névroses comme des origamis fragiles. Ses films et tout le matériel visuel qui en découle – dessins, photogrammes et photographies – irradient d’une clarté poignante, palpitent d’une beauté malingre où pulsent à l’unisson l’incongru et les sentiments étreignants. Si la psychanalyse freudienne et la figure de Kafka peuplent, tels des fantômes errants, cet univers où percolent les origines autrichiennes de Gernot Wieland, celui-ci est parvenu à inventer une forme narrative et filmique extraordinaire où le thérapeute, coincé dans ses propres souvenirs et associations, n’est plus capable d’écouter son patient, où les figures autoritaires des systèmes kafkaïens se sont dissoutes comme de l’encre dans le lait, pour reprendre le titre de l’un de ses films (Ink in Milk – 2018). L’intonation insaisissable de ses films happe le spectateur dans les méandres inextricables d’histoires fantasmagoriques, tenues par une lucidité qui semble être portée par un étranger au monde qui en observerait – avec candeur et délicatesse – les fissures, les dislocations et la vulnérabilité. 

Ses films ont reçu de très nombreux prix : Aus-Blicke au Blicke, Filmfestival, Bochum, Allemagne ; le prix principal de la compétition allemande au 69e Festival international du court métrage, Oberhausen, Allemagne, tous en 2023 ;  en 2022, le prix allemand du court métrage dans la catégorie des courts métrages expérimentaux d'une durée maximale de 30 minutes et le prix du meilleur film au Festival des Cinémas Différents et Expérimentaux de Paris, France et une mention honorable au Cannes Shorts Film Festival, Cannes, France ; en 2021, une mention spéciale à ARKIPEL - Jakarta International Documentary and Experimental Film Festival, Indonésie ; en 2020, le prix du meilleur film, VIII Kinodot Experimental Film Festival, St. Petersburg, Russie ; en 2019, le prix EMAF Media Art des critiques de cinéma allemands à l'EMAF - European Media Art Festival, Osnabrück, Allemagne et une mention spéciale au 36e festival du court métrage, Hambourg, Allemagne ; en 2017, il a remporté la 20e édition du MOSTYN Open, Llandudno, Pays de Galles.

Son film récent, The Perfect Square, est sélectionné pour la 74ème Berlinale - Berlin International Film Festival - Forum Expanded, Berlin, et au First Look 2024, Museum of the Moving Image, New York.

Ses œuvres ont été exposées à Argos Centre for audiovisual arts, Brus-sels ; Kindl - Centre of Contemporary Arts, Berlin ; Künstlerhaus Bremen ; Torrance Art Museum, Los Angeles ; Kunstmuseum Bonn ; Kunst Halle Sankt Gallen ; Salzburger Kunstverein, Salzburg ; 3e Biennale internationale d'art contemporain d'Amérique du Sud, Buenos Aires ; Centre letton d'art contemporain, Riga ; Berlinische Galerie, Berlin ; Steirischer Herbst Festival/Kunsthaus Graz, Graz et Hong-Gah Museum, Taipei ; Quartz Studio, Turin ; Centre d'art Pasquart, Biel ; Musée du château des ducs de Wurtemberg, Montbéliard ; Museo Berardo, Lisbonne.

Gernot Wieland est né en 1968 à Horn, en Autriche. Il vit à Berlin.